La pipistrelle Commune ( chauve-souris)
Ce 18 mars, j’étais près de la mare quand, du coin de l’oeil, j’ai perçu un mouvement dans l’herbe. Je regarde : une chauve-souris ! Que fait-elle là ? A cette époque (et en plein jour) elle devrait être blottie dans son gîte d’hiver, dans une fissure de mur par exemple ou derrière l’écorce d’un vieil arbre. Peut-être celle-ci a-t-elle été dérangée, chassée de son abri par un prédateur ? La voilà qui rampe maladroitement dans l’herbe, ouvrant un peu ses ailes noires, peut-être pour que le soleil les réchauffe car il souffle un méchant vent du nord…
Que faire ? Si je la laisse là, il n’est pas sûr qu’elle parvienne à se réchauffer suffisamment pour reprendre les airs et alors il lui restera le choix entre mourir de froid, sous la dent d’un chat, dans le bec d’un oiseau de proie diurne ou d’une chouette (prédateurs occasionnels).
Je la ramasse finalement (1) et elle ne se débat même pas. Blottie dans ma main elle ne pèse rien (1). Heureusement, je sais comment faire car j’ai déjà participé à des comptages nocturnes (2). Tout en prenant quelques photos de l’autre main avec mon téléphone, j’installe un escabeau sous le gîte d’été qui est accroché au pignon sud de la maison.
Heureusement, le soleil a bien donné depuis ce matin, et cette boite en bois recouverte d’ardoises a dû emmagasiner pas mal de chaleur. Grimpé sur l’escabeau je n’ai plus qu’à tendre le bras pour que la petite bête soit juste sous la fente d’accès. Et là, surprise : a-t-elle senti la chaleur ? Ou l’odeur de ses congénères ? Toujours est-il qu’elle retrouve soudain un peu d’énergie et, avec un petit cri, grimpe sur la planche d’envol et se faufile dans cette fente d’un cm seulement. La voici à l’abri et au chaud, je retourne à mes patates…
Quel drôle de nom !
– En réalité, nos ancêtres n’appelaient pas ce curieux mammifère « chauve-souris » mais « chouette-souris ». Ce qui était bien vu, pour un animal qui vole la nuit (comme la chouette) et a un corps couvert de poil (comme la souris). Mais le mot a été déformé au fil des siècles, jusqu’à aboutir à ce « chauve-souris » qui ne veut rien dire, car aucune de ces bestioles n’est chauve : elles ont beaucoup trop besoin de tous leurs poils pour conserver un peu de chaleur !
– Le mot Pipistrelle est tiré du nom italien de la chauve-souris : « Pipistrello ».
– Toutes les chauves-souris sont des « chiroptères ». Comme beaucoup de mots scientifiques, celui-ci est tiré du grec ancien : « chiro » = la main + « pter » = l’aile. En effet, l’aile de la chauve-souris est faite d’une membrane de peau tendue entre des doigts très allongés, un peu comme les baleines d’un parapluie.
(1) Rappelons tout de même la consigne : toujours mettre des gants pour manipuler un animal sauvage !
(2) La pipistrelle est une toute petite bête : elle pèse entre 3,5 et 8 g pour 36 à 51 mm de long et d’ une envergure de 18 à 24 cm !
(3) Pour étudier une population, les naturalistes tendent plusieurs filets la nuit en travers des sentiers d’une forêt. Les chauves-souris s’y prennent sans se faire mal. Il faut les décrocher une par une délicatement, puis on les mesure, on les pèse, etc. avant de les relâcher. C’est très intéressant, même si le lendemain au travail, on n’a pas les yeux en face des trous !
Merci à Donatien Laurent, intervenant bénévole Mesquérais pour cet article.